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Carmen Maura

Pour la première fois à Nantes, le Festival est heureux d’accueillir l’actrice espagnole Carmen Maura (Les femmes du 6e étage, ¡Ay, Carmela!, Femmes au bord de la crise de nerfs, Pepi, Luci, Bom, etc.) en tant qu’Invitée d’honneur de l’édition 2023.

Carmen Maura, Carmen courage

Présente du 31 mars au 1er avril 2023

Qui se risque à outrager sa liberté s’expose à voir cette compagne calme et joyeuse mue en une guerrière prête à tous les excès. Il est alors vain de résister à la fureur de ses yeux roux, à son pas décidé, à son débit serré, ou à son bel éclat de rire. Cette fille de la bourgeoisie hérite de la zarzuela l’aplomb des milieux populaires et des cinémas classiques le goût d’un tempo vif. La priver de son bien est dangereux (La communauté, 2000), tout autant que restreindre ses désirs (La loi du désir, 1987). N’allons pas croire qu’elle s’impose, c’est rare (Alguien tiene que morir, 2020), mais elle ne supporte pas de ployer sous la loi, fut-elle du père, du mari, d’un policier ou de l’Église (Pepi, Luci, Bom, 1980 ; Qu’est-ce que j’ai fait pour mériter ça ?, 1984 ; Extramuros, 1985 ; Lisboa, 1999 ; La promesa, 2004). Jamais on ne l’a vue dans l’ombre d’un homme, jamais non plus pleinement apaisée et encore moins vaincue. Cette femme sans homme n’aura pas été à l’écran une grande amoureuse. Peut-être un esprit rebelle et fier l’empêche de mettre à nu les griffures du passé. L’afflux de sang impérieux prévaut surtout face aux injustices qui la révoltent (¡Ay, Carmela!, 1990). Elle n’est pas non plus une figure d’autorité, plutôt un chef de clan protecteur (Le harem de Madame Osmane, 2000 ; Les femmes du sixième étage, 2010). Tant d’énergie ne saurait cacher trop longtemps une tendresse qui ne demande qu’à éclore (Sombras en una batalla, 1993 ; Le bonheur est dans le pré, 1995 ; Volver, 2006 ; La fête des mères, 2018). Sachons la voir en quelque sorte logée dans les plis d’un vêtement éclatant. On vante à raison les comédiens capables d’un regard de prendre possession d’un espace, d’attirer la lumière et d’infléchir le rythme d’une scène. Plus mystérieux est celui de ceux et celles qui se laissent regarder sans craindre l’impudeur ou la faiblesse. Carmen Maura a ce courage et ce talent. À la dérobée, elle partage parfois l’intimité de son personnage, avant que l’ivresse de vivre ne la porte toujours plus loin.

Floreal Peleato
Correspondant de la revue Positif en Espagne

Carmen Maura (c) Danniel Rojas

Les temps forts de sa venue à Nantes

Carmen Maura sera à Nantes du vendredi 31 mars au samedi 1er avril 2023. L’actrice espagnole donnera une masterclass (samedi 1er avril, Théâtre Graslin) et présentera plusieurs de ses films en salle, au cinéma Katorza.

2 films présentés en salles

30e Festival du Cinéma Espagnol de Nantes

Cinéma Katorza

Cité des congrès

Masterclass

Cet événement sera l’occasion pour l’actrice espagnole de revenir sur son épatante et prolifique carrière.

Retrouvez Carmen Maura sur la scène du Théâtre Graslin, le samedi 1er avril à 18h. Accessible à toutes et tous, la masterclass aura lieu en français.

La soirée se poursuivra avec la présentation et projection de la version restaurée de ¡Ay, Carmela! (1990) du regretté Carlos Saura, film incontournable et marquant de sa carrière artistique. Carmen Maura y incarne une comédienne d’une troupe ambulante pendant la guerre d’Espagne, une républicaine obligée de jouer pour les franquistes. Deuxième Goya doublé du Prix européen de la Meilleure Actrice pour ce rôle !

> Samedi 1er avril, 18h-22h | Théâtre Graslin, Nantes

En savoir plus

Elle est l’une des actrices espagnoles les plus reconnues au niveau international. Elle a travaillé avec des réalisateurs tels que Pedro Almodóvar, Álex de la Iglesia, Mario Camus, Carlos Saura, Fernando Trueba, José Luis Borau, Marisa Sistak, Amos Gitaï, Jean-Pierre Mocky, Yasmina Reza, Francis Ford Coppola, et bien d’autres.

Carmen Maura fait ses débuts au théâtre, puis passe par le petit écran en tant qu’animatrice d’un show télévisé. Dans les années 70, elle s’ouvre au cinéma avec, tout d’abord, des rôles secondaires, jusqu’à Tigres de papel (1977), premier long-métrage de Fernando Colomo dans lequel elle se fait remarquer. En 1978, elle tourne pour la première fois avec Carlos Saura dans Les Yeux bandés, juste avant d’être sur le devant de la scène dans le film du jeune Pedro Almodóvar : Pepi, Luci, Bom et autres filles du quartier (1980). C’est le début d’une longue collaboration, en découleront : Dans les ténèbres (1983), Qu’est-ce que j’ai fait pour mériter ça ? (1984), Matador (1986), La Loi du désir (1987), Femmes au bord de la crise de nerfs (1988) pour lequel elle reçoit le Goya de la Meilleure Actrice.

En 1990, Carlos Saura lui offre le rôle principal dans ¡Ay Carmela!. Dans les années 90, elle participe à de nombreux projets européens, elle sera notamment Anne d’Autriche dans Louis, enfant roi (1993) de Roger Planchon, elle joue la belle fermière du Gers dans Le Bonheur est dans le pré (1995) d’Étienne Chatiliez puis dans les films de Jean-Pierre Mocky, Martin Provost ou André Téchiné.

À 50 ans, la comédienne continue de surprendre et n’hésite pas à jouer pour de jeunes cinéastes comme Álex de la Iglesia avec Mes chers voisins (2000). Pour ce long-métrage, elle reçoit le Goya de la Meilleure Actrice et la Coquille d’Argent au Festival international de San Sebastián. D’autres films naitront de cette rencontre : 800 balles (2002) et Les Sorcières de Zugarramurdi (2013).

Les années 2000 marquent les retrouvailles avec Pedro Almodóvar pour Volver (2006). Elle remporte le Goya du Meilleur Second Rôle féminin et un Prix collectif d’Interprétation Féminine au Festival de Cannes.

Elle est la seule interprète espagnole à avoir reçu le César de la Meilleure Actrice dans un second rôle pour son apparition dans Les Femmes du 6e étage (2011) de Philippe Le Guay. Depuis, elle continue de jouer dans de nombreux films et au théâtre. En 2022, on a pu la retrouver sur scène à Paris dans L’Hirondelle, une pièce de Guillem Clua, mise en scène par Anne Bouvier.

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