Dans Actualités de l'édition 2023, Hommages 2023
Luis Tosar, "Les repentis" (2021)

Luis Tosar, l’homme intranquille

Présent du 23 au 25 mars 2023

Très vite son corps massif, sa voix sourde, ses emportements, sa brusquerie ou sa tendresse maladroite, montrent un homme malmené par la vie, qui n’a pu surmonter un complexe d’infériorité, si bien que ses personnages subissent les injustices (capitalisme insidieux, égalité des chances bafouée) d’un pays qui a hypothéqué l’espoir.

Ne dis rien (2003), où il campe un mari violent, est le premier film dans lequel est saisie avec justesse son alternance entre la passivité et l’agressivité. Elle demeure aujourd’hui chez le militant écologiste (Adú, 2020) et l’avocat généreux qui défend les plus faibles (En los márgenes, 2022). Souvent c’est un homme séparé, à bout de souffle, condamné à ruminer, trop blessé pour croire encore en l’amour.

Jeune, l’acteur semblait endurci avant l’heure, jusqu’à un âge avancé il continuera de paraître mûr, comme si son corps était l’étandard de la colère des hommes qui se refusent à tomber. Les timorés (Flores de otro mundo, 1999), les chômeurs (Les lundis au soleil, 2002), les frustrés fragiles (La flaqueza del bolchevique, 2003) implosent de crainte de déranger, mais voilà qu’explosent les délinquants enivrés par la volonté de puissance (Cellule 211, 2009). À ces accès illusoires de pouvoir l’échec met un terme brutal. Dans les thrillers et films policiers (La sombra de la ley, 2018 ; Quien a hierro mata, 2019 ; Código emperador, 2022) ou traversés par des zones troubles (Mientras duermes, 2011 ; Coup pour coup, 2020), il modèle la figure de l’homme aux nerfs plus solides que les muscles.

Au fil des années son personnage de solitaire contraint de s’engager (Intemperie, 2019) enracine sur le sol espagnol un modèle bien connu du cinéma américain. Parfois un rôle adouçit l’âpreté d’une filmographie où la comédie est rare. Dans Les repentis (2021), l’ex membre d’un commando de ETA chemine tremblant, certains diront vers la rédemption, à coup sûr vers la conquête de la dignité. Ainsi, de film en film, Luis Tosar est l’homme du pari : malgré les coups du sort, libre à nous d’agir en fauve ou d’avoir confiance dans la vie.

Floreal Peleato
Correspondant de la revue Positif en Espagne

Les temps forts de sa venue à Nantes

Rencontre à Cosmopolis

Venez à la rencontre de Luis Tosar, dans le cadre de l’hommage rendu par le Festival à l’acteur.

> Samedi 25 mars, 20h30 | Cosmopolis

9 présentations en salle

Cinéma Katorza

  • En los mágenes (2022)
    > jeudi 23 mars, 20h45 (Ouverture)
  • Cellule 211 (2009)
    > vendredi 24 mars, 20h55
    > samedi 25 mars, 11h15
  • Les repentis (2021)
    > vendredi 24 mars, 14h00
    > samedi 25 mars, 11h05
  • Inconscientes (2004)
    > samedi 25 mars, 16h15
  • Ne dis rien (2003)
    > samedi 25 mars, 18h30
  • Les avantages de voyager en train (2019)
    > dimanche 2 avril, 20h00 (Clôture)

Opéra Graslin

  • En los mágenes (2022)
    > jeudi 23 mars, 19h30 (Ouverture Graslin)

Interview

Entretien avec Luis Tosar à propos de son rôle d’acteur dans Les repentis / Maixabel d’Iciar Bollain (2021).

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