Dans Edition 2014, Hommage 2014

Hommage a J-C

Les yeux grands ouverts

Javier Cámara a tout juste la vingtaine lorsqu’il s’entend dire par sa professeure d’art dramatique qu’il ne fera jamais carrière, ni sur les planches ni devant une caméra, car il a de trop petits yeux… Un mauvais sort bel et bien rompu puisque deux décennies après avoir quitté sa Rioja natale pour la capitale, l’un des acteurs les plus populaires du cinéma espagnol vient de remporter le Goya du Meilleur Acteur pour son rôle dans Il est facile de vivre les yeux fermés (2013), de David Trueba. Ce professeur d’anglais décidé à rencontrer son idole John Lennon dans le désert d’Almeria est à la mesure de cet acteur caméléon devenu incontournable dans la cinématographie espagnole de ces dix dernières années. Un personnage mêlant drame et comédie, soit deux genres que maîtrise celui qui compte désormais près d’une trentaine de longs-métrages à son actif, mis en scène notamment par Cesc Gay, Pablo Berger, Julio Medem, Isabel Coixet ou Pedro Almodóvar.

Sa filmographie est intimement liée à l’histoire du Festival du Cinéma Espagnol de Nantes et fait de Javier Cámara un visage familier du public nantais. Certains se souviendront de son passage en 2006 pour défendre deux films alors en compétition : Malas temporadas, de Manuel Martín Cuenca et La vie secrète des mots d’Isabel Coixet. Réalisatrice avec qui Javier Cámara retravaille en 2013 dans Hier ne finit jamais, que l’acteur présentera dans les salles du Katorza. On y retrouve toute la profondeur dramatique qu’emploie Cámara pour ne faire qu’un avec des personnages en crise. Aux antipodes de ses rôles comiques dans le premier volet de Torrente de Santiago Segura (1998) ou dans Mort aux moches de Nacho G. Velilla (2010). 

C’est donc à 19 ans que ce fils d’agriculteur arrive à Madrid avec, pour seul bagage, un repas confectionné par sa mère et une valise pleine d’espoir. Une histoire qui n’est pas sans rappeler celle du réalisateur qui fera connaître Javier Cámara du monde entier : Pedro Almodóvar. Son rôle d’infirmier dans Parle avec elle (2002) signera un avant et un après dans la carrière de l’acteur. Il sera de nouveau, et à deux reprises, devant la caméra du réalisateur de la Mancha, dans La Mauvaise éducation (2004) et dans le déjanté Les amants passagers (2013). Trois aventures qui marquent la trajectoire de Javier Cámara, si juste et si talentueux dans chacun des rôles qu’il incarne.

Alors, si vous parlez avec lui et lui demandez s’il est facile de vivre avec les yeux fermés, il vous répondra peut-être qu’il aime à traverser notre époque et le cinéma espagnol avec ses (petits) yeux toujours grands ouverts.

LES FILMS DE L’HOMMAGE A JAVIER CÁMARA

 

ayer no termina nuncaHier ne finit jamais (Ayer no termina nunca), Isabel Coixet, 2013
Barcelone. 2017. Cinq ans après une rupture douloureuse, un couple se retrouve. C’est alors que le passé ressurgit brutalement, que les joies et les peines reviennent tels des boomerangs.
Il est facile de vivre les yeux fermés (Vivir es fácil con los ojos cerrados)vivir, David Trueba, 2013
1966. John Lennon est en pleine crise existentielle. Bien décidé à quitter les Beatles pour entamer une carrière d’acteur, il va à Almeria pour tourner un film pacifiste sous la direction de Richard Lester. Antonio, professeur d’anglais pour qui Lennon symbolise l’espoir et la liberté, part à sa rencontre.
mala educacionLa Mauvaise éducation (La Mala educación), Pedro Almodóvar, 2004
Deux garçons, Ignacio et Enrique, découvrent l’amour, le cinéma et la peur dans une école religieuse au début des années 60. Le père Manolo, directeur de l’institution, est témoin et acteur de ces premières découvertes. Les trois personnages se reverront deux autres fois, à la fin des années 70 et 80. Cette deuxième rencontre marquera la vie et la mort de l’un d’entre eux.
hable con ellaParle avec elle (Hable con ella) , Pedro Almodóvar, 2002
Marco est journaliste, Benigno est infirmier : ils se retrouvent l’un à côté de l’autre à une représentation de Pina Baush. Ému par le spectacle, Marco fond en larmes, ce qui touche Benigno, sans pour autant oser le lui dire. Coup du hasard, Lydia, torero et compagne de Marco, tombe dans le coma et se retrouve à l’hôpital dans la chambre voisine de Alicia sur laquelle veille Benigno jour et nuit. Commence alors une histoire d’amitié entre eux.

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