Dans Edition 2004, Invité.es 2004

Invité de ce 14e Festival du Cinéma Espagnol de Nantes, le réalisateur espagnol était à Nantes le 12 mars.

RENCONTRE AVEC VICENTE ARANDA

L’œuvre de Vicente Aranda (Barcelone, 1926), invité de cette 14e édition du festival, est probablement l’une des plus personnelle et prolifique du cinéma espagnol de ces quarante dernières années. Après avoir vainement tenté de faire fortune au Venezuela dans les années cinquante, il réalise son premier film, Brillante porvenir (Brillant avenir), en 1964, en collaboration avec Roman Gubern et avec la participation du jeune architecte Ricardo Bofill. Sa seconde œuvre, Fata Morgana (1965), marquera l’acte de baptême de l’École de Barcelone sur un ton novateur et insolite.

Dès cette époque Vicente Aranda sera à l’avant garde du cinéma espagnol en signant des films où transparaît déjà son style tourné vers un univers où se mêlent terreur, macabre, fantastique et où les rapports humains sont poussés à leur paroxysme : Las crueles (Les cruelles), La novia ensangrentada (La fiancée ensanglantée), Clara es el precio (Clara est le prix) et Cambio de sexo (Changement de sexe) dans lequel le rôle principal est tenu par une jeune comédienne de seize ans qui deviendra son actrice fétiche, Victoria Abril.

AMOUR, PASSION, JALOUSIE …

L’autre caractéristique marquante de l’œuvre de Vicente Aranda se précise dès la fin de la dictature franquiste lorsque le recul de la censure et la libération des mœurs lui permettent d’initier un cycle d’adaptations cinématographiques d’œuvres littéraires d’auteurs jusque là bannis par le régime franquiste : Juan Marsé (La muchacha de las bragas de oro / La fille à la culotte d’or, Si te dicen que caí / S’ils te disent que je suis tombé, El amante bilingüe / L’amant bilingue), Manuel Vázquez Montalbán (Asesinato en el Comité Central / Assassinat au Comité Central) et Luis Martín Santos (Tiempo de Silencio / Temps de silence).

Aranda continue, cependant, à explorer la face obscure de l’être humain en maniant avec talent, amour, sexe et violence : Fanny Pelopaja, El crimen del capitán Sánchez / Le crime du capitaine Sánchez, Celos / Jalousie (projeté lors de cette 14ème édition) et surtout Amantes / Amants qui recevra le prix Goya du meilleur film en 1992.

C’est cette même démarche qui va guider le réalisateur dans les portraits de femmes dans ses derniers films en date : le combat pour leur émancipation des miliciennes républicaines pendant la Guerre civile (Libertarias, 1996), la passion destructrice de l’amour (Juana la loca / Jeanne la folle, 2001, projeté à Nantes) et le mythe de la femme fatale auquel Aranda s’est attaqué avec son film polémique, Carmen (2003), qui a démontré, encore une fois, la très forte personnalité de ce cinéaste singulier.

 

José Márquez

2 films projetés

  • Juana la loca (2001)
  • Celos / Jalousie (1999)