Extasis (1996)
Extasis (1996)

La « Nouvelle Vague » espagnole

Avec 27 films, dont 12 inédits et 5 avant-premières, les 8e Rencontres du cinéma espagnol poursuivent ce qui est leur objectif premier depuis leur création : servir de plateforme en France pour les nouveaux réalisateurs espagnols, et proposer au spectateur français un panorama le plus complet possible de ce que l’on peut voir et revoir en cette fin des années 1990 en Espagne.

Car bien sûr, il y a Pedro Almodóvar, le porte-parole flamboyant d’une cinématographie espagnole en pleine résurrection, mais il y a aussi d’autres jeunes cinéastes, hommes et femmes, créateurs insolents et pourfendeurs de tabous : Alejandro Amenábar, David Trueba, Mariano Barroso, Enrique Gabriel… Le Basque Montxo Armendáriz, le Madrilène Ricardo Franco, le Catalan Ventura Pons, Cecilia Bartolomé sont aussi de ceux-là, artisans de la nouvelle « nouvelle vague », tous auteurs de chroniques entre fantaisie et réalité, entre romantisme et dérision.

Comédies et adaptations littéraires (Muñoz Molina, Pérez-Reverte, Manuel Vicent…) tiennent également comme par le passé une place importante dans la cinématographie actuelle.

De cette « nouvelle vague », les trois grands maîtres ne sont pas absents. Il y a du Berlanga dans Putain de rue, du Bardem dans Tramway pour la Malvarrosa, critique acerbe de la vie espagnole des années 50. Quant à Almodóvar, il décline dans En chair et en os des thèmes buñueliens tels que la jouissance de la culpabilité, l’obsession, l’ironie face à la charité, ou le grotesque surréaliste.

Le cinéma espagnol d’aujourd’hui semble avoir acquitté la note du franquisme qui a longtemps fait figure de cadavre dans le placard exquis de son cinéma. Cessant d’exorciser la peur par l’exaltation de la liberté, la « nouvelle vague » espagnole conquiert la liberté par la maîtrise de la peur, c’est-à-dire par la mise en scène elle-même.

 

Pilar Martínez-Vasseur