Chefs-d’œuvre restaurés du cinéma espagnol
Les films sélectionnés dans ce cycle représentent fidèlement toute la diversité et la complexité des aléas historiques du cinéma espagnol au cours de ses 90 premières années d’existence. Un cinéma qui, comme cela a été maintes fois souligné, a longtemps rencontré de grandes difficultés, dues à la précarité et au manque de ressources de son industrie, mais aussi aux brutales interférences politiques. Cependant, il est parvenu à produire des oeuvres d’une réelle intensité, capables de déjouer les obstacles avec une grande créativité et de dialoguer avec la culture et la société de son époque.
Plus précisément, les œuvres choisies, récemment restaurées par la Cinémathèque espagnole, parlent des différentes étapes vécues par la cinématographie espagnole, en commençant par le passage du muet au parlant vers la fin des années 20 du siècle dernier (avec La aldea maldita, 1930) jusqu’à la difficile étape de la transition entre la fin du franquisme et l’arrivée de la démocratie (à travers l’émouvant témoignage de Canciones para después de una guerra, 1976). Grâce à ces œuvres, nous pouvons revisiter l’histoire de l’Espagne, de son cinéma, de ses bourgades et de ses villes, et contempler avec intérêt ses personnages, ses rues et ses habitations. Mais l’ensemble des émotions qu’elles transmettent nous emporte bien plus loin, et nous donne l’opportunité de repenser le façonnement puis les réajustements d’une culture partagée par une société qui, durant trente ans, a vécu une situation presque anachronique qui la maintenait dans un espace géopolitique différent à celui que connaissaient les pays voisins et qui, en même temps, entretenait des liens étroits avec les changements qui se produisaient continuellement au-delà de ses frontières ; changements auxquels le cinéma espagnol, d’une certaine manière, ne pouvait pas ne pas participer.
En conclusion, un cycle qui soulève des questions, mettant en scène des films qui ont résisté à l’épreuve du temps, et qui nous font revivre une autre époque avec humour et intelligence.
Valeria Camporesi
Directrice de la Cinémathèque espagnole
