La Virgen de agosto de Jonás Trueba (2019)

La Virgen de agosto de Jonás Trueba (2019)

30

Un édito ne saurait tout dire de l’édition qu’il annonce, c’est juste un signe, une direction qu’on suggère, sachant bien que chaque spectateur dessine ses propres raccourcis, attise les souvenirs qui le fondent.

30 ans n’est pas une distance mais un parcours jalonné de rencontres, de découvertes, de paris, aussi, pari sur la jeunesse qui ne cherche qu’à éclore, sur la parole de celles et ceux à qui on ne la donnait pas spontanément et que le cinéma espagnol, tout particulièrement, sort de l’ombre, des limbes de la mémoire collective et individuelle pour la porter à l’écran.

30 ans c’est une ville qui se transforme, des territoires qui émergent, des passerelles entre pays, cultures et langues.

30 ans ce sont des publics qui naissent, découvrent, apprennent, reviennent grossir les rangs compacts de la rue Corneille, au mitan de « Katorza-Graslin- Cosmopolis », chaque jour de Festival, jusque tard dans la nuit pour converser, échanger avec tous ces passionnés qui se pressent là.

30 ans c’est un entrelacs de relations avec les réalisateurs, les acteurs, les écrivains, les historiens qui, découvrant Nantes, se retrouvent voire se découvrent mutuellement, eux qui sont séparés par les tournages respectifs, les projets qui progressent en parallèle.

30 ans : ce qui paraît une rive n’est rien d’autre en fait qu’un pas de plus, une année volée aux embûches, aux finances qui ne sont jamais à la hauteur des prouesses collectives mais aussi de réels soutiens institutionnels ou privés, en France et en Espagne.

2020 sera une année particulière pour le Festival, celle du retour de nombreuses personnalités du cinéma espagnol présentes sur les écrans nantais depuis sa création et une édition qui arbore tous les signes de la vitalité de cette cinématographie.

Les Incontournables

Si le cinéma est l’invention d’un regard, il est aussi l’invention d’un public, de ce public de Nantes et d’ailleurs face au miracle de la fusion entre enregistrement et fiction. « Dans une salle de spectacle, l’art sort des spectateurs » disait Henri Langlois, ce que répètent et répèteront à dessein les nombreux réalisatrices, réalisateurs, actrices et acteurs. Ces « Incontournables » vont nous rejoindre pour fêter ensemble 30 ans de cinéma espagnol à Nantes : Marisa Paredes (invitée d’honneur), Emma Suárez, Ana Díez, Ángeles González- Sinde, Rosa Vergés, Puy Oria, Helena Taberna, Fernando Trueba, Montxo Armendáriz, Pedro Olea, David Trueba, Borja Cobeaga, Enrique Urbizu, Antonio Resines, Jonás Trueba… Ils seront au Katorza pour présenter un opus de leur filmographie.

Si d’aventure vous les croisez dans les rues de Nantes, ne soyez pas surpris : vous les portez en vous. Sans leur engagement, leur voix, leur regard, vous n’auriez jamais su être accompagnés d’histoires du monde entier.

Au-delà des images

L’année 2019, où diverses crises frappèrent l’Espagne, aura été marquée par une effervescence créatrice dans le cinéma qui se reflète aussi bien dans les succès remportés dans les Festivals que dans les sorties en salles de l’hexagone (Pedro Almodóvar, Oliver Laxe, Salvador Simó, Alejandro Amenábar…). Ils sont nombreux, réalisatrices et réalisateurs, à concourir cette année dans les différentes compétitions (fictions, documentaires, premiers films, courts-métrages). Il y a des vécus et des histoires passionnantes, intrigantes et burlesques, chez ces auteurs qui viennent pour la première fois se mesurer aux vétérans du Festival nantais. On y découvrira également des œuvres politiques, enracinées dans leur présent mais aussi dans le passé douloureux de l’Espagne qui trouvent un écho dans le concert-spectacle de la chanteuse Olivia Ruiz, « Bouches Cousues », évoquant l’exode de ses grands-parents espagnols.

Afin que vous puissiez poursuivre, la projection terminée, les moments d’émotion vécus dans les salles obscures, un livre et une exposition retracent ces 30 ans de souvenirs partagés.

Cet anniversaire sera aussi le vôtre.

Bon Festival !

Pilar Martínez-Vasseur